RENCONTRE AVEC ELIOTT JOSEPH, PRÉSIDENT DE LA JE DE LA 127ÈME PROMOTION


La Junior-Entreprise a rencontré le président de PCA de la 127ème promotion. Après ses études à l’ESPCI puis à l’ESSEC, Eliott Joseph a travaillé dans le conseil et l’analyse pour diverses entreprises du domaine de l’énergie. Il s’est maintenant fixé à Bruxelles.

Après avoir évoqué les souvenirs de son expérience en Junior-Entreprise, Eliott Joseph a évoqué son parcours professionnel depuis qu’il a quitté PC.

Nous avons d’abord évoqué les souvenirs de la Junior Entreprise de sa promotion avant de plus s’attarder sur son parcours depuis la fin de PC.

S (Sarah) : Nous aimerions plus en savoir sur PCA lors de votre mandat. Mais aussi pourquoi avez-vous voulu intégrer la Junior-Entreprise ? Quelles étaient vos motivations pour mener ce poste à grande responsabilité ?

E (Eliott) : À l’époque, notre association était assez petite : on devait être 6 ou 7. Le chiffre d’affaire n’était pas très conséquent. Je voulais intégrer la Junior-Entreprise car au-delà de la formation scientifique de l’ESPCI, je voulais découvrir concrètement comment pouvais fonctionner une organisation, une équipe, bref, m’initier à la gestion de ce qui pourrait s’apparenter à une petite entreprise. Et puis je voyais également ça comme un défi.

S : Quelles sont les choses que vous avez aimées faire dans l’association et à l’inverse, qu’est-ce qui vous a le moins plu ?

E : Si la gestion administrative ne faisait clairement pas parti des taches les plus fun, la gestion d’équipe et de projet, au contraire, m’a passionnée. Devoir apprendre à motiver une équipe, l’aider à monter en compétence, tout en essayant de satisfaire les clients, gérer les imprévus et problèmes du quotidien et ne pas oublier d’essayer de bénéficier un maximum aux élève-ingénieurs, c’est vraiment mon mandat à la Junior-Entreprise qui m’y a confronté pour la première fois. C’était à la fois intense et très formateur !

S : Comme vous l’avez bien dit, la gestion de projet est au centre du travail de la J.E. Vous rappelez-vous d’études qui vous ont marquées ?

E : Je me rappelle, en effet, de deux projets particuliers. La première étude fut réalisée pour le labo du CNRS de Jussieu. Celle-ci s’étala sur de nombreux mois et impliquait un élève de troisième année. Elle m’a permis de découvrir le fonctionnement d’un laboratoire de recherche dans la durée mais également de voir l’impact qu’avaient les résultats de notre étude sur leur thématiques de recherches. Lors de cette étude, tout était simple, l’élève-ingénieur extrêmement compétent, les résultats prometteurs et le client satisfait. Le rêve !
Je me souviens également d’une autre étude où le client, ne possédant pas d’expertise scientifique, était avant tout venu nous voir avec une idée. Il souhaitait pouvoir produire et commercialiser des membranes assez solides pour permettre d’encapsuler des solutions unitaires de gel hydroalcoolique mais capable de se dégrader par friction des mains, relâchant ainsi la dose nécessaire à un lavage de main express. Le rôle fut ici de réfléchir à une composition chimique permettant de respecter ces contraintes pour un coût limité. Ce fut l’exemple type de projet de recherche aux débouchés très concrets.

S : Je comprends que vous avez pu découvrir beaucoup de choses avec PCA que ce soit sur vos centres d’intérêt ou sur ce que vous aimiez faire. Est-ce que la J.E. a eu un impact sur le choix de vos études et sur votre parcours professionnel ?

E : Après les trois années passées à l’ESPCI, et malgré tout l’attrait que j’avais conservé pour les sciences, j’ai fini par réaliser que je ne me voyais pas travailler en R&D plus tard. Grâce à mon mandat au sein de PCA, j’ai pu découvrir ce qui me plaisait vraiment : l’alliance entre réflexion scientifique et l’approche commerciale.

S : Si je comprends bien, PCA vous a montré tout un autre aspect de la science dans le monde du privé, chose que on ne retrouve pas entièrement à l’ESPCI. Cela peut expliquer votre parcours assez différent par rapport à ce qu’on voit d’habitude : vous avez choisi de partir à l’ESSEC après l’ESPCI. Que recherchiez-vous à ce moment dans vos études et pourquoi ?

E : Tout a commencé lors de mon stage de 3A. Je travaillais au sein de Philips, aux USA sur le développement d’appareils échographiques. C’était en 2010, au cœur de la crise financière. L’économie était au centre de l’info et au cœur de tous les débats. Je travaillais pour une entreprise sans vraiment savoir comment une entreprise fonctionnait, ni en quoi elle pouvait être impactée par la crise. J’ai voulu en apprendre davantage sur le fonctionnement d’une entreprise privée, et de l’économie plus généralement. Je suis alors parti en admission parallèle pendant deux ans à l’ESSEC en option économie. Les similitudes entre l’économie et la thermodynamique m’ont fasciné : on y maximise des fonctions d’utilité de la même manière que l’on minimise des fonctions d’énergie ! Pour moi, c’était l’application directe de ce que j’avais appris au cours des années précédente au service d’une meilleure compréhension de la société à laquelle j’appartiens. Bref, ça m’a fasciné.

S : Pouvez-vous me raconter ce que vous avez fait ensuite ? Avez-vous gardé cette dualité dans tout votre parcours professionnel ?

E : A l’ESSEC, j’ai effectué un autre stage aux USA en partenariat entre l’ambassade de France et EDF sur le financement de l’innovation dans l’énergie. J’ai trouvé ce secteur fascinant. À la croisée des chemins entre science, innovation, économie, environnement, régulation, et finance. Bref, un secteur complexe à appréhender, au cœur des enjeux actuels et où seul l’approche transdisciplinaire, si chère à l’ESPCI, fait sens.
Cela fait maintenant près de 10 ans que j’y travaille, entre Londres et Bruxelles, et EDF et ENGIE dans l’analyse stratégique et économique. Aujourd’hui, en tant que manager d’une équipe d’économiste au sein d’ENGIE, j’interviens en soutient des équipes stratégie sur de nombreux projets, et un peu partout dans le monde, en mode consultant interne.
En soit, cela ressemble étrangement au rôle de président de la Junior-Entreprise. Mon travail actuel mélange donc les différents aspects vus au cours de mon parcours et mes études.

S : Ce qui me frappe, c’est que vous avez beaucoup voyagé et travaillé à l’étranger. Quel est pour vous l’avantage de partir dans d’autres pays ?

E : Partir à l’étranger permet de travailler avec des cultures différentes, de se confronter à d’autres manières de penser ou d’appréhender un problème. C’est très enrichissant, un changement quotidien, une remise en question permanente. On quitte complètement la routine. Je conseille vivement à tout jeune diplômé d’essayer de voyager autant que possible, de découvrir d’autre manière de travailler à l’étranger, avant de se poser quelque part.

S : Et à partir de maintenant, quels sont vos objectifs professionnels ?

E : J’ai maintenant une femme et dans moins deux mois un fils, je suis donc maintenant un peu moins mobile ! Et puis, arrivé à un certain niveau de séniorité dans une grande entreprise, il faut du temps pour développer son réseau, ses compétences, et bien en comprendre son fonctionnement. Je me sens bien au sein d’ENGIE, à Bruxelles, et souhaiterai donc y continuer ma carrière, au moins pour les prochaines années. A coté de ça, je suis pilote privé d’avion. C’est assez prenant. Ayant toujours été un fana d’aviation, je me verrais bien plus tard rejoindre la future startup ayant développé une solution révolutionnaire, à base d’hydrogène par exemple, permettant de décarboner le secteur aérien, qui sait !

S : Avez-vous des messages à faire passer pour les futures promotions de l’ESPCI avec le recul et l’expérience que vous avez maintenant ?

E : Plus qu’un savoir scientifique, ce que l’on apprend à l’ESPCI, c’est à réfléchir, à construire un raisonnement structuré et à aiguiser sa curiosité intellectuelle. Quel que soit vos futurs choix de carrière, ce sera un atout énorme, qui vous servira toute votre vie.
Et puis, au-delà de la formation académique, l’aspect relationnel est également unique à l’ESPCI. Les amitiés qui s’y nouent le sont généralement pour la vie. J’encourage tous les élève-ingénieurs à profiter au maximum de ce que la vie associative unique de l’école a à offrir. Enfin, je ne sais que trop bien qu’en tant qu’élève-ingénieur, on se met beaucoup la pression sur le choix des stages, ce qu’on veut faire plus tard. Mon parcours assez atypique montre qu’il n’y a pas forcément de voies toutes tracées. Et que l’on finit tous par trouver un job qui nous plait. Même si les premiers stages ou premiers boulots ne sont pas toujours ceux dont on rêvait, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. A priori, il y aura toujours du bon à y prendre, et que beaucoup de stages ou jobs pas forcément sexy sur le papier peuvent s’avérer être une expérience extrêmement enrichissante, voir un tremplin vers ce que vous avez finalement réalisé vouloir davantage.

S : Je vous remercie pour votre temps et votre témoignage.